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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

Ruby à son tour éleva la voix :

— Qu’a-t-il pu te raconter ? C’est lui qui m’a fait des avances…

Liliane éclata.

— Écoutez-moi ça. Tonio te faire des avances. Non, mais des fois. J’en ai assez, tu sais, de tes façons de sainte-nitouche, de tes manières de sale petite oie blanche. Ah ! là, là, ça fait des chichis, et puis en douce ça fait tout ce que ça peut pour lever le mari des copines. Mais cette fois, tu es tombée sur un bec ; t’en seras pour tes frais. Parce que je vais te dire une bonne chose : c’est moi que Tonio aime, c’est moi, entends-tu, et t’auras beau faire, tu ne l’auras pas.

Elle hurlait, les yeux hors de la tête, la chevelure en désordre.

Ruby voulut expliquer ce qui s’était passé.

— Liliane, écoute-moi.

Mais l’autre repartait :

— Saleté, cochonnerie. C’est moi qui ai été te chercher… Et tu veux m’enlever Tonio. Mais j’ai de la défense, tu sais.

Au bruit de la querelle, des gens étaient venus. On faisait cercle autour d’elles.

Une fille aux cheveux décolorés lança d’une voix rauque :

— Ne te laisse pas faire, Liliane. T’as raison. Rentre-s’y dedans.

— Vas-y, vas-y, fit une autre.

Mais une voix d’homme annonça :