Page:Nicolaï - La mort fait le trottoir, 1948.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
LA MORT FAIT LE TROTTOIR

La jeune fille, d’un geste machinal, arrangea ses cheveux sous sa toque et sortit.

Dehors, il pleuvait toujours. Ruby marchait vite, la tête baissée. Au tournant d’une rue, un passant, qui, lui aussi se hâtait, la heurta.

— Pardon, fit-il.

Le son de sa voix fit relever sa tête à la danseuse.

— Ah ! par exemple. Ruby. Alors, contente ? Ça marche toujours avec Liliane ?

— C’est-à-dire, ça allait bien, mais depuis une heure ça ne va plus.

— Qu’y a-t-il ?

— Liliane s’imagine que je veux lui enlever son mari.

— Et ça doit faire vilain, car elle, je la connais, elle est jalouse comme une tigresse.

— Nous nous sommes presque battues. Et je suis ennuyée. Je ne sais pas quoi faire.

— Comment quoi faire ?

— Est-ce que je dois encore aller ce soir au Casino pour faire notre numéro ? Après la scène qui vient d’avoir lieu.

— Le boulot, mon petit, c’est sacré. Bien sûr que tu dois aller danser. S’il fallait que le plateau tienne compte des querelles de coulisse…

Et Alfred s’esquiva en faisant de grands gestes de bras, puis il se retourna pour sourire à Ruby.

— Ne t’en fais pas. Bonne chance, petite.