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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

Et poussant la porte de leur loge commune au Casino de Paris, Ruby n’était pas sans appréhension. Liliane était déjà là ; une vieille habilleuse maigre, sèche et jaune l’aidait à revêtir le costume de leur premier tableau.

— Ah te voilà, fit sa partenaire d’une voix dure. Je me demandais si tu aurais le toupet de me plaquer. Tu en aurais été bien capable.

— Tu vois bien que je suis venue.

— Ça va. Je n’ai pas de partenaire sous la main et il faut bien que je te subisse. Mais je t’assure que, dès que j’aurai trouvé quelqu’un, je ne serai pas longue à me débarrasser de toi.

— Il faudrait pourtant que tu m’entendes avant de me juger…

— Ne te fatigue pas, va. Je n’ai que faire de tes boniments.

— Je t’assure que tu te trompes à mon sujet.

— Tais-toi donc. Tu vas encore mentir. Puisque je te dis que ça ne prend pas.

— À la fin, Liliane, c’est trop injuste…

Tout en parlant, Ruby se déshabillait. Liliane l’interrompit.

— Au lieu de chercher à m’empaumer avec des boniments à la noix, tu ferais mieux de te grouiller. Je ne tiens pas à être à l’amende à cause de toi.

Puis, approchant son visage très près du miroir pour allonger ses yeux d’un trait de bleu et placer