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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Offrez-moi l’hospitalité un moment, fit-il.

Quand il lui avait pris le bras, Ruby ne s’était pas éloignée. Quand il lui demanda de l’accompagner chez elle, Ruby ne s’indigna pas. Dans sa lassitude, dans sa détresse, dans sa solitude, elle éprouvait le besoin d’une présence. Il lui fallait confier à quelqu’un sa peine, peut-être aussi son besoin d’aimer.

Or l’homme qui s’offrait à elle avait un visage très doux, une voix tendre. Il donnait confiance. Ses yeux bleus étaient pleins de mystère. Il regardait Ruby en souriant. Ruby lui rendit son sourire. Elle savait maintenant qui il était.

— Ne dites pas non. Voyez, nous sommes déjà de bons amis.

Ils étaient parvenus devant l’hôtel Minerva. La rue s’ouvrait à tous les courants d’air. Il passait parfois des sifflements aigres.

La danseuse, encore une fois regarda cette nuit mauvaise, puis l’homme au sourire confiant. Elle baissa la tête.

Sa décision était prise.

Mais sa main tremblait tout de même un peu quand elle ouvrit la porte de sa chambre…

Le destin entrait avec elle, elle en avait conscience, vaguement.