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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— Hier, vous m’avez fait très peur.

— Je m’en excuse. Je ne l’aurais pas voulu. Mais ce soir ?

— Ce soir, non, vraiment, vous ne m’effrayez pas.

— Je m’en félicite, car j’aimerais vous mieux connaître… bavarder un peu avec vous.

— Mais il est tard.

— Est-il jamais vraiment tard à Montmartre ?

— Je ne suis pas non plus ce que sans doute vous croyez.

— Je l’ai parfaitement vu, et c’est pourquoi je désirerais que nous fassions plus ample connaissance.

— Je ne vous connais pas.

— La rue est un salon où chacun a déjà été présenté.

Ruby regarda attentivement l’homme.

— C’est drôle, constata-t-elle. Je viens de vous dire que je ne vous connais pas, et il me semble que je vous ai déjà vu quelque part.

L’homme sourit.

— Mon Dieu, c’est peut-être possible.

Ruby plus soigneusement encore examina le visage de son compagnon. Et soudain elle s’exclama :

— Oh ! est-ce que vous ne seriez pas…

― Chut… petite fille… les noms ne servent pas à grand’chose.

Il avait pris le bras de Ruby sous le sien.