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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

part des agents pour quitter sa retraite : c’était certain.

Rasant les murs, il vint jusque devant l’hôtel Minerva. Arrivé là, il s’arrêta, s’adossa à la devanture close de la boutique qui faisait vis-à-vis et se mit à examiner la façade de l’immeuble.

Liliane se blottit contre le rideau dont les plis lourds pendaient sur un côté de la fenêtre. L’homme ne pouvait la distinguer. Au contraire, elle pouvait tout à son aise le détailler.

Elle ne distinguait pas ses traits sous le bord du chapeau rabattu, mais elle devinait sous le pardessus confortable un corps solide. L’inconnu tenait ses deux mains dans les poches de son manteau et il poursuivait son examen.

— Un poulet, pensa Liliane.

Mais il lui vint en mémoire que l’homme avait évité de se faire voir aux agents. Ce n’était donc pas quelqu’un de la police. Et elle pensa soudain que les assassins sont souvent hypnotisés par le lieu de leur crime, qu’ils sont ramenés presque malgré eux là où ils ont commis leur méfait. Si c’était là le meurtrier de Ruby ?

La pensée de Tonio fulgura dans sa tête. Faire arrêter l’homme, c’était sauver son mari, démontrer son innocence.

La décision de Liliane fut vite prise. Elle quitta sa chambre, descendit rapidement l’escalier, gagna la rue… L’homme n’était plus là. À l’autre extrémité de la rue, les agents, qui avaient fait le