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Page:Nicolaï - La mort fait le trottoir, 1948.djvu/99

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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

tour du pâté de maisons, apparaissaient, arrivant du même pas indifférent.

L’homme ne pouvait pas être loin. Sans doute se cachait-il dans quelque recoin proche. Adoptant la démarche indolente et rythmée d’une professionnelle en quête d’amateur, Liliane se mit à sa recherche. Elle n’était pas sans crainte, mais l’idée d’arracher Tonio à la prison la soutenait. Elle atteignit ainsi la rue Henri-Monnier Elle ne vit personne. Elle fut sur le point de faire demi-tour, de rentrer. Mais il lui parut lâche d’abandonner aussi vite ses recherches.

Elle avança encore.

Soudain, elle tressaillit. Elle venait de dépasser un réverbère et sur le trottoir, elle vit que son ombre était doublée d’une autre ombre, celle d’un homme qu’elle n’avait pas entendu venir derrière elle.

Surprise, elle s’arrêta, s’attendant au pire. N’allait-il pas la tuer là, dans cette rue déserte, et sa mort ne servirait à rien pour Tonio ? Mais non. L’homme s’arrêtait également à sa hauteur, un instant demeura immobile, les mains dans les poches.

Accrochant péniblement sur ses lèvres un pauvre sourire, Liliane se risqua à tourner la tête vers lui. C’était bien l’homme qu’elle avait vu devant l’hôtel Minerva.

— Bonsoir, fit-elle.

D’une voix agréable, l’homme répondit.

— Vous êtes seule ?