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PRÉFACE

tion, et ne tarda pas à devenir le secrétaire particulier de ce monarque, puis sous-secrétaire d’État, et enfin sèdr-azèm, « premier ministre ».

AIp-Arslan, en mettant cet habile administrateur à la tête des affaires de son empire, lui conféra le titre honorifique de Nézam-el-Moulk , régulateur de l’empire, titre qui chez les Persans remplace le nom de la personne à laquelle il est décerné. Les historiens du temps font le plus bel éloge de ce grand homme, et, attribuant à ses vertus et à sa capacité les succès et la prospérité du règne d’Alp-Arslan, ils tiennent en profonde admiration le discernement de ce monarque, qui sut s’attacher un ministre doué de tant de mérite pour diriger les affaires de ses vastes États, qui atteignirent sous son administration le plus haut degré de gloire dont il soit fait mention dans les annales persanes.

C’est vers cette époque où Nézam-el-Moulk (car désormais c’est par ce titre que nous le désignerons), était arrivé à l’apogée de sa puissance, que ses deux amis vinrent lui rappeler l’exécution du pacte conclu entre eux. « Que me demandez-vous ? leur dit-il. — Je ne te demande, répondit Khèyam, que la jouissance des revenus du village qui m’a vu naître. Je suis derviche et n’ai pas d’ambition ; si tu accèdes à ma requête, je pourrai, sous le toit paternel, loin des entraves inséparables des choses de ce monde, cultiver paisiblement la poésie, qui ravit mon âme, et me livrer à la contemplation du Créateur, où se plaît mon esprit. — Quant à moi, dit Hassan-Sèbbah, je demande une place à la cour. » Le ministre accorda tout : le jeune poète retourna dans son village, dont il devint le chef, et Hassan-Sèbbah fut placé à la cour, où, en astucieux courtisan, il ne tarda pas à capter