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vii
PRÉFACE

les bonnes grâces du monarque. Mais, bien qu’il eût déjà acquis, grâce à la protection efficace de Nézam-el-Moulk, les plus hautes distinctions possibles, son esprit envieux et ardent ne pouvait s’accommoder de l’espèce de soumission dans laquelle il se trouvait vis-à-vis de son bienfaiteur. Il mit bientôt tout en œuvre pour le renverser et le supplanter. Afin d’arriver à ce but, il commença par insinuer à Alp-Àrslan que les finances du royaume n’étaient pas en bon état, le ministre négligeant la rentrée des impôts et n’ayant, depuis trois ans, rendu aucun compte sur cet important sujet. Le prince prêta l’oreille à ces considérations perfides, et bientôt Nézam-el-Moulk fut mandé à la cour, où Alp-Arslan lui demanda compte, en présence de tous les grands dignitaires, convoqués à cet effet, du retard apporté à la rentrée des impôts et au règlement définitif des finances de l’État. Nézam-el-Moulk s’excusa de son mieux en faisant retomber sur certaines circonstances indépendantes de sa volonté le retard dont se plaignait Sa Majesté, et promit de s’occuper sérieusement de cette question, de manière à pouvoir présenter dans l’espace de six mois un règlement de compte complet. Le prince parut satisfait et permit au ministre de se retirer. Mais celui-ci n’avait pas encore dépassé le seuil de la porte du château, que Hassan-Sèbbah, s’approchant du roi, lui fit remarquer que ce qui prouvait surtout l’incapacité du ministre en pareille matière, c’était précisément le délai exorbitant qu’il réclamait pour mettre en ordre les finances de l’empire. Cette observation frappa le prince, qui demanda au courtisan qui la lui faisait s’il voulait, lui, se charger de ce travail, et s’il pouvait s’engager à le terminer dans un plus court espace de temps. Sur la réponse affirmative de l’astucieux Hassan, qui