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PRÉFACE

contents, qui n’hésitèrent pas à adopter les dogmes qu’il leur enseignait et qui se déclarèrent prêts à le seconder dans ses desseins. Il résolut alors d’aller, avec un nombre assez restreint de ces nouveaux disciples, se fortifier sur la montagne d’Alamout, près de la ville de Kazbïn, d’où il commença à faire, dans les pays environnants, de fréquentes razzias, au moyen desquelles il subvenait aux besoins du moment et pourvoyait à l’équipement de sa petite troupe, qui devint bientôt formidable.

C’est vers cette époque qu’Alp-Arslan mourut, laissant à son fils, Malek-chah, ses vastes États, dont il lui recommanda fortement de confier l’administration à Nézam-el-Moulk, son fidèle et pieux ministre. Mais celui-ci ne jouit pas longtemps de ces nouvelles marques de faveur ; car Malek-chah, ayant eu la faiblesse de prêter l’oreille aux calomnieux rapports de ses ennemis, lui fit retirer son turban et son encrier, insignes des hautes fonctions qu’il avait si noblement remplies. Cette disgrâce, en facilitant une vengeance particulière, fut cause de la mort de ce grand homme d’État. On le trouva un matin étendu sous sa tente, dans le camp royal, assassiné par un satellite de Hassan-Sèbbah. Avant d’expirer il eut, selon le récit des chroniques, le temps d’écrire une pièce de vers, à l’adresse de Malek-chah, dans laquelle il recommandait à sa bienveillance ses douze fils, à qui, disait-il, il léguait ses vieux et loyaux services.

Hassan-Sèbbah n’en continuait pas moins ses sanglantes excursions, ne respectant dans ses rapides victoires ni rang ni sexe, égorgeant sans pitié tout ce qui lui tombait sous la main. Malek-chah, effrayé, dut envoyer des troupes pour mettre fin à ces expéditions, qui jetaient le trouble et la