Page:Nicolle - Naissance, vie et mort des maladies infectieuses, 1930.djvu/107

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que tous ces états ont été confondus ensemble par suite de la communauté d’un symptôme, considéré comme prédominant, le tuphos, c’est-à-dire la stupeur. Petite vérole et vérole n’ont qu’un trait commun (et qui leur est commun avec toutes les maladies infectieuses), celui de se transmettre par un virus (d’où le mot vérole) dont on a reconnu bien vite le siège et le danger pour la contagion. Sous le nom de charbon qui n’a d’autre sens que celui de la couleur désignée, on a confondu deux maladies animales, la fièvre charbonneuse dans laquelle le sang est souvent noirâtre et le charbon symptomatique qui s’accompagne de tumeurs noires et on en a rapproché (par l’étiquette) les eschares de certaines maladies humaines dont la peste (charbon pesteux). Le mot peste a un sens si général, celui de maladie grave et épidémique, qu’on ne saurait sous sa désignation reconnaître, dans les écrits anciens, s’il signifie variole, typhus, peste bubonique ou une autre infection contagieuse.

Cette terminologie qui plonge dans les âges les plus reculés n’offre plus guère, à notre époque, de dangers de confusion. Loin de demander qu’on la supprime, nous la défendons en toute occasion et nous l’aimons. Elle a le visage familier des mots anciens et populaires ; elle est simple à retenir,