Page:Nicolle - Naissance, vie et mort des maladies infectieuses, 1930.djvu/113

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maladie prend l’étiquette napolitaine et, dans le reste de l’Europe, l’étiquette française.

Tous les médecins qui l’observent, en quelque pays européen que ce soit, la reconnaissent comme une affection inconnue jusque-là et ils la déclarent nouvelle[1]. Le premier auteur de notre pays qui traite d’elle, le rouennais Jacques de Bethencourt en donne une description complète qui comprend non seulement la syphilis acquise, mais encore l’héréditaire et les divers modes de contagion, y compris le passage du nouveau-né à la nourrice. On s’étonne qu’un mal qui se traduit par des symptômes si différents, qui évolue en un grand nombre d’années, ait pu être aussi bien connu à la Renaissance, alors qu’au début du xixe siècle ses localisations multiples étaient considérées, décrites comme des affections particulières. C’est que l’irruption du mal, sa nouveauté, les conditions de la contagion ne permettaient aucun doute sur le lien qu’offraient entre elles ses manifestations successives, si différentes fussent-elles. Tandis que,

  1. Il n’est que juste de reconnaître que l’origine américaine de la syphilis a été proclamée au milieu du xviiie siècle et lumineusement démontrée par Jean Astruc, médecin de Montpellier, esprit universel qui, le premier, sut reconnaître, dans la Genèse, l’œuvre de deux auteurs différents.