Page:Nicolle - Naissance, vie et mort des maladies infectieuses, 1930.djvu/167

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à peu près impossible le succès de tels attentats. La plupart des agents pathogènes de nos maladies sont fragiles ; leurs cultures, versées à doses élevées dans une eau ou sur le sol, en disparaîtraient rapidement. Il y a, d’autre part, tant de virus qui ne cultivent pas. Avec ceux que transmettent des invertébrés piqueurs, l’entreprise serait moins réalisable encore. Pas de propagation du typhus exanthématique sans poux, pas de propagation de la fièvre jaune, du paludisme sans moustiques, pas d’épidémies de peste sans rats et sans puces. Sans doute, si, au cours de la guerre mondiale, quelque savant criminel avait introduit (mais par quelle voie ?) des poux porteurs du virus du typhus dans les rangs de l’armée adverse, étant donnée la pullulation effrayante des poux chez les combattants des tranchées, une épidémie aurait pu être réalisée. Mais la nature du mal n’eût pas tardé à être reconnue, des mesures auraient été prises aussitôt contre les poux et l’épidémie artificielle se serait vite arrêtée.

Sans la découverte que nous avons faite, quelques années plus tôt, du mode de propagation du typhus, les choses se seraient passées d’autre manière. Il n’eût pas été besoin d’un attentat criminel pour propager cette maladie, fléau ordinaire, fatal