Page:Nicolle - Naissance, vie et mort des maladies infectieuses, 1930.djvu/43

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de précieux services. Elles fournissent des appuis provisoires, d’où l’esprit des découvreurs peut s’élancer, pour le bond en avant, dans le territoire vierge où lèvent les découvertes. Elles permettent de se comprendre entre savants, d’enseigner, de porter au tableau de nos connaissance les points acquis. Mais, tout en les utilisant, il nous faut nous défier de ces armes. Jamais, nous ne devons oublier que les faits dont nous nous occupons sont mouvants, qu’aucune formule ne peut les fixer, définir, que nous n’en apercevons qu’un tronçon, que les commencements nous échappent, que le phénomène se modifie entre nos mains et, par conséquent, que ce que nous imprimons n’est qu’une traduction maladroite, incomplète d’un aspect momentané, d’une seconde au cadran illimité du temps.

Pour les mêmes raisons, il ne saurait y avoir, dans le domaine de la vie, aucune conclusion d’ensemble, aucune conquête définitive. Nous n’y rencontrerons pas l’inébranlable Vérité parce qu’elle ne saurait s’y trouver, mais des aspects de petites vérités, à la fois infirmes et fugaces, fantômes ou lueurs, bien peu de choses pour nos trophées. Nous avançons sur une route qui se divise sans cesse, qui marche elle-même, sans pouvoir