Page:Nicolle - Naissance, vie et mort des maladies infectieuses, 1930.djvu/46

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Il faudrait pour qu’il en fût autrement que la vie fut logique. Nous savons qu’elle ne l’est pas. Elle est aveugle. Où mettre une intelligence, une raison dans ce qui n’est qu’effet des circonstances ? La vie ne connaît pas la raison ; elle ne cherche que les possibilités de se transmettre ; elle en essaye autant qu’elle en rencontre. Nous avons dit déjà qu’elle allait le plus souvent à des échecs. Nous n’en pouvons rien connaître. Nous ne voyons que les succès. C’est pourquoi la nature nous paraît intelligente.

INTELLIGENCE DE L’HOMME ET INTELLIGENCE DE LA NATURE

Quand nous parlons d’intelligence, nous avons en vue la nôtre, cette intelligence rationaliste dont nous attribuons le bienfait aux Grecs. Que d’erreurs nous commettons en cherchant, en mettant cette intelligence où elle n’est pas : chez nos frères primitifs, chez les animaux, dont nous faisons des frères intellectuels, sans nous enquérir de savoir si leurs sens les renseignent comme les nôtres, s’ils n’en ont pas d’autres que nous ignorons. Or, sans identité de sensations, il ne saurait y avoir similitude d’intelligence.