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INTERROGATOIRE.

Le lendemain, je vis venir chez moi Alexandre-Siemianowicz Makarow, sous-intendant de notre prison et secrétaire principal de Samoilow. Il parlait allemand, me dit que tous ces jouns passés la rivière était impraticable, et la communication avec la forteresse interrompue ; il me demanda si j’étais bien nourri. Je le priai de m’envoyer un chirurgien pour panser mon bras : la blessure y était fermée, mais ma main était enflée ; je ne pouvais pas m’en servir, et de temps en temps j’y souffrais de grandes douleurs. Le chirurgien arriva, examina mon bras, et dit qu’il n’y avait que les eaux minérales qui pouvaient me rendre l’usage de la main. On ne m’y enverra pas certainement, me dis-je ; il faut donc se résigner et laisser agir la nature.

Le jour d’après, à onze heures du matin, j’entendis un grand nombre de personnes marcher dans le corridor ; la porte de la cellule de Fischer s’ouvrit et quelqu’un y entra ; je ne doutai pas que ce ne fût le procureur général Samoilow ; en effet, au bout d’un quart d’heure de conférence avec Fischer, ce personnage entra dans ma chambre : il me dit que je ne devais pas ignorer les torts impardonnables que j’avais envers la Russie et la personne auguste et sacrée de sa grande souveraine ; que mon sort cependant était encore entre mes mains ; que si j’étais franc et véridique sur