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BATAILLE DE MACIEIOWICE.

du pauvre bidet, lui servait de mors et de bride. Nous ne nous cassâmes pas cependant le cou, la destinée nous réservait à quelque chose de mieux. À quatre heures de l’après-midi, nous rencontrâmes la première vedette du général Sierakowski, et à cinq nous descendîmes à son quartier général.

Le général Poninski, ayant laissé son corps à six lieues, arriva ; il y eut un petit conseil, et je fus fort surpris que Poninski ne reçût point l’ordre de rejoindre aussitôt la division du général Sierakowski. Je passai la nuit dans un chariot couvert du brigadier Kopec.

Le lendemain, mardi 7 octobre, la petite armée, sans attendre les renforts de Varsovie ni le corps de Poninski, se mit en marche ; le temps était beau, les soldats riaient et chantaient. Nous fîmes halte près de Zelechow, petit bourg entièrement ruiné par les Russes. Vers le soir, nous arrivâmes à Korytnica, village plus ruiné encore. La maison du propriétaire fut destinée au quartier général. Les Cosaques y avaient passé peu de jours auparavant ; tout y était sens dessus dessous ; les chaises coupées à coups de sabre, les bureaux, les commodes, les secrétaires enfoncés, les tiroirs, les livres, les papiers hachés en morceaux et jonchant le parquet. Derrière le village s’élevaient deux chaînes de collines, séparées par