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BATAILLE DE MACIEIOWICE.

un ravin profond et hérissé de ronces. Notre petite armée, occupa une de ces chaînes, ayant devant elle le ravin, les deux flancs couverts par des bois. Le lendemain il fit une pluie très-forte ; vers midi, une de nos patrouilles amena dix hussards russes du régiment de Wolkoff et un major des ingénieurs ; envoyé pour reconnaître le pays et en dresser la carte. Ce malheureux, appelé Podczaski, était un Polonais du palatinat de Braclaw ; plus mort que vif, il nous dit que, poussé par la misère, il était entré au service russe depuis longtemps, et ne pouvait jamais obtenir son congé ; nous aurions pu le faire pendre comme portant les armes contre sa patrie, mais nous nous contentâmes d’exiger de lui des renseignements sur l’état et la situation du camp ennemi ; ce qu’il fit avec la plus grande sincérité et la meilleure foi du monde. Il nous dessina le plan du camp russe, et spécifia le nombre d’hommes et de canons. Nous vîmes clairement que l’ennemi était en hommes et en artillerie quatre fois plus fort que nous ; nous le vîmes, mais nous ne voulûmes pas le croire. Le soir, le capitaine Molski arriva comme courrier de l’armée du général Dombrowski avec la nouvelle de la défaite des Prussiens à Bromberg. Nous publiâmes aussitôt cette victoire dans notre petite armée, l’invitant à égaler par ses exploits la gloire de ses compagnons d’armes. Le soir, la