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AINSI PARLAIT ZARATHOUSTRA

revenu à toi-même, ainsi ils doivent se réveiller d’eux-mêmes — et venir à toi ! » —

Ainsi parlait le disciple ; et tous les autres se pressaient autour de Zarathoustra et ils saisissaient ses mains et ils voulaient le convaincre de quitter son lit et sa tristesse, pour revenir à eux. Cependant Zarathoustra était assis droit sur sa couche avec des yeux étranges. Pareil à quelqu’un qui revient d’une longue absence, il regarda ses disciples et interrogea leurs visages ; et il ne les reconnaissait pas encore. Mais lorsqu’ils le soulevèrent et qu’ils le placèrent sur ses jambes, son œil se transforma tout à coup ; il comprit tout ce qui était arrivé, et en se caressant la barbe, il dit d’une voix forte :

« Allons ! tout cela viendra en son temps ; mais veillez, mes disciples, à ce que nous fassions un bon repas, et bientôt ! — c’est ainsi que je pense expier mes mauvais rêves !

Pourtant le devin doit manger et boire à mes côtés : et, en vérité, je lui montrerai une mer où il pourra se noyer ! »

Ainsi parlait Zarathoustra. Mais alors il regarda longtemps en plein visage le disciple qui lui avait expliqué son rêve, et, ce faisant, il secoua la tête. —


DE LA RÉDEMPTION


Un jour que Zarathoustra passait sur le grand