Page:Nietzsche - Considérations Inactuelles, II.djvu/121

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ne pas leur accorder de faveurs. En tous les cas, il vaut mieux suivre cette vie-·là que de patronner une ’’ï’, philosophie quelconque, quelle qwelle soit, en lui donnant publiquement le patronage de-l’État.

L.”État s’est toujours peu soucié de la vérité, ce qui lui importe, c’est la. vérité utile, plus exactement toute espèce d’utilité, que ce soit la vérité, la demi-vérité ou l’erreur. Une alliance entre l’État et la philosophie n’a donc un sens que lorsque la philosophie- peut promettre qu’elle sera directement utile a l’État, c’est-à-dire qu’elle place la raison d’État plus haut que la vérité. Il est vrai que si l’État pouvait également mettre à son service et à sa solde la vérité, ce serait pour lui chose merveilleuse. Mais il sait fort bien que c’est l’essence même de la vé- i « »p » rité de ne jamais rendre de service, de ne jamais ac- if ? cepter de solde. Dans ce qu’il possède, il ne possède donc que la fausse « vérité », une personne alïnblée d’un masque, et celle-ci ne peut malheureusement pas lui rendre le service qu’il attendrait de la vérité vraie, à savoir une sanction et une sanctification. si  »

Quand un prince du moyen-âge voulait être nommé par le pape et qu’il n’y réussissait pas, il nommait un LQ anti-pape, qui lui rendait alors ce service’. Cela pouvait réussir jusqu’à un certain point ; mais pour l’État moderne, il n’y a pas moyen d’instituer une anti-philosophie qui le légitimerait ; car, avant comme après, il au- ë· rait contre lui la vraie philosophie et il l’aurait maintenant plus que jamais. Je crois sérieusement qu’il vaut mieux pour l’État ne pas s’occuper du tout de philosophîe, ne rien lui demander et, tant qu’il esi ; possible, î.ii’ la laisser tranquille, comme s’il ·s’agissait de quelque