Page:Nietzsche - Considérations Inactuelles, II.djvu/177

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mente sa prudence, qu’elle peut se nourrir de poison et de · malheur tout en conservant sa forceet sa santé. La raillerie et la contradiction du monde qui l’entoure lui servent de stimulant et d’aiguillon ; si elle s’égnre, elle revient de cet égarement et de ces errements chargée du plus magnifique butin ; si elle dort, « son sommeil rassemble pour elle de nouvelles forces », Elle retrempe A A le corps lui-même et le rend plus vigoureux ; elle ne consume pas -la vie, plus elle avance dans la vie ; elle régit l’homme comme une passion ailée et ne le laisse voler que quand son pied s’est Fatigué dans le sable et qu’il s’est meurtri aux pierres du chemin. Elle ne peut ’ résister au désir de partager ; chacun doit contribuera, .“î Ã son œuvre- ; elle n’est pas avare de ses dons. Repousséç, elle donne plus largement ; abusée par les donataires, " elle olïre encore, par surcroît, le plus précieux trésor qui lui reste et, si l’on en croit l’expérience la plus an-. cienne, comme aussi la plus récente, jamais ceux qui les ont reçus n’ont été absolument dignes de ses dons ;

C’est par là qu’elle se révèle comme la nature prédestinée par laquelle la musique parle au monde des apparences, la musique qui est la chose la plus mystérieuse qui soit sous le soleil, un abîme où reposent jointes la, force et la bonté, un pont jeté entre le moi et le ’ non-moi. Quidonc saurait désigner clairement le but auquel elle doit servir, lors même qu’il verrait quelque opportunité dans la manière dont elle se développe 2 Mais le plus délicieux des pressentiments nous enîruurage à demander : serait-il donc vrai que ce qu’il ya de plus grand existàtjà cause de ce qu’il y a de- plus petit ; le Il don le plus magnifique en- faveur d=2 talent moindre, la

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