Page:Nietzsche - Considérations inactuelles, I.djvu/31

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sur cette culture du philistin, par la parole et par l’action : par la parole du sectateur et par l’action de l’écrivain. Son livre, qui porte le titre l’Ancienne et la Nouvelle Foi, est une confession ininterrompue, d’une part par son sujet et d’autre part en tant que livre et produit littéraire. Dans le fait qu’il se permet de faire confession publique de sa foi il y a déjà un aveu. — Le droit d’écrire sa biographie revient à chacun lorsqu’il a dépassé la quarantaine ; car même le plus infime se trouve parfois dans le cas d’avoir vécu quelque chose, d’avoir vu quelque chose de près dont le penseur peut tirer parti. Mais présenter une confession de foi peut paraître infiniment plus prétentieux, parce que cela fait supposer que celui qui la présente accorde de l’importance non seulement à ce qu’il a vu, étudié et vécu, mais encore à ce qu’il a cru. Or, le penseur véritable souhaitera de savoir, après toute autre chose, ce que ces natures à la façon de Strauss considèrent comme leur foi, et ce qu’elles ont « imaginé à moitié en songe » (p. 10) sur des choses dont ceux-là seuls ont le droit de parler qui les connaissent de première main. Qui donc éprouverait le besoin d’entendre une confession de foi de Ranke ou de Mommsen, lesquels sont d’ailleurs des savants et des historiens d’un tout autre acabit que ne le fut David Strauss ? Et cependant, s’ils voulaient nous entretenir de leurs croyances et non plus de leurs connaissances scientifiques, ils dépas-