Page:Nietzsche - Considérations inactuelles, I.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’autre part, qu’ils l’ont fait par faiblesse. Cette faiblesse, dans des moments moins enclins à la franchise, s’ornait d’un plus beau nom, et c’était la fameuse « santé » des philistins cultivés. Mais après cette indication de date récente, on pourrait peut-être recommander de parler d’eux non plus comme de gens « bien portants », mais comme d’infirmes, ou encore comme de faibles. Si du moins ces faibles n’avaient pas la puissance ! Hélas ! quelle importance peut avoir pour eux le nom qu’on leur donne ! Car ils sont les dominateurs, et domine mal qui ne saurait supporter un sobriquet. Pourvu que l’on ait le pouvoir, on apprend alors à se moquer même de soi-même. Il importe peu que le puissant donne prise sur lui-même : la pourpre couvre tout, tout est caché par le manteau du triomphateur ! La force du philistin cultivé s’affirme, lorsqu’il arme ses faiblesses. Et plus il avoue, plus il avoue avec cynisme, plus il laisse deviner l’importance qu’il se donne et la supériorité qu’il croit avoir. Nous sommes à la période où le philistin aime cyniquement. De même que Frédéric Vischer a fait des aveux en prononçant un discours, de même David Strauss s’est confessé dans tout un livre. Cette confession est cynique comme l’était ce discours.

3.

D’une double façon David Strauss fait des aveux