Page:Nietzsche - Considérations inactuelles, I.djvu/56

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dire qu’il se met à frapper à son tour sur Schopenhauer, il se répand en injures, parle d’absurdités, de blasphèmes, de scélératesses, déclare même que Schopenhauer n’avait pas toute sa raison. Résultat de la bataille : « Nous exigeons pour notre univers la même piété que celle que l’homme pieux d’autrefois exigeait à l’égard de son Dieu ». — Disons la chose plus brièvement : « il m’aime ! » Il se rend la vie dure, notre favori des Grâces, mais il est courageux comme un mamelouk et il ne craint ni le diable ni Schopenhauer. Combien d’« huile lénitive » il userait si de pareilles façons de procéder devaient être fréquentes !

D’autre part, nous comprenons très bien quelle reconnaissance Strauss doit avoir à l’égard de ce Schopenhauer qui chatouille, pique et frappe. C’est pourquoi les marques de faveur qu’il lui prodigue dans la suite ne nous surprennent pas outre mesure. « Il suffit de feuilleter les écrits de Schopenhauer, quoique l’on fasse bien de ne pas se contenter de les feuilleter et que l’on devrait les étudier aussi », etc. (p. 141) À qui le chef des philistins s’adresse-t-il là ? Lui, dont on peut démontrer qu’il n’a jamais étudié Schopenhauer, lui dont Schopenhauer serait forcé de dire tout au contraire : « Voilà un auteur qui ne mérite pas d’être feuilleté et, encore moins d’être lu. » Visiblement, en ouvrant Schopenhauer, il l’a avalé de travers et, en toussant légèrement, il cherche à s’en débarrasser. Mais pour