Page:Nietzsche - Considérations inactuelles, I.djvu/62

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fois, tout cela pour y étudier la façon particulière de courage dont Strauss, notre « philistin classique », est capable.

Écoutons d’abord sa profession de foi : « C’est, à vrai dire, une tâche déplaisante et ingrate de dire au monde ce qu’il aime précisément le moins entendre. Le monde se plaît à dépenser son capital, comme font les grands seigneurs, il reçoit et il dépense tant qu’il a encore quelque chose à dépenser. Mais quand quelqu’un se met à additionner les articles et à présenter la balance il le considère comme un trouble-fête. Et c’est à cela que m’ont poussé de tout temps mon tour d’esprit et ma façon d’être. » Un pareil tour d’esprit et une pareille façon d’être peuvent paraître courageux, il faudrait cependant savoir si ce courage est naturel et primesautier ou s’il n’est pas emprunté et artificiel. Peut-être que Strauss s’est seulement accoutumé au moment voulu à être le trouble-fête de profession et qu’après coup il s’est donné, peu à peu, le courage de cette profession. La lâcheté naturelle, qui est le propre du philistin, s’accorde très bien avec tout cela. On s’en aperçoit tout particulièrement au manque de logique de ces phrases qu’il faut du courage pour prononcer. Cela fait un bruit de tonnerre et l’atmosphère n’en est pas purifiée. Strauss n’aboutit pas à une action agressive, mais seulement à des paroles aggressives. Il choisit ses paroles aussi offuscantes que possible, et use en des