exemple dans la taquinerie. Tout plaisir en lui-même n’est ni bon ni mauvais ; d’où viendrait alors
cette distinction que, pour prendre plaisir à soi-même, on n’a pas le droit d’exciter le déplaisir
d’autrui ? Uniquement du point de vue de l’utilité,
C’est-à-dire de la considération des conséquences,
d’un déplaisir éventuel, au cas où l’homme lésé, ou
l’État qui le représente, ferait attendre un châtiment et
une vengeance : cela seul peut à l’origine avoir fourni
le motif pour s’interdire de tels actes.
— La pitié a
aussi peu le plaisir d’autrui pour but que, comme
j’ai dit, la méchanceté ne se propose la douleur
d’autrui en soi. Car elle cache au moins deux éléments (peut-être bien plus) de plaisir personnel et
n’est sous cette forme que le contentement de soi :
d’abord il y a le plaisir de l’émotion, telle qu’est
la pitié dans la tragédie, puis, lorsqu’on passe à
l’acte, le plaisir de se contenter en exerçant sa puissance. Pour peu qu’en outre une personne qui
souffre nous soit très proche, nous nous ôtons à
nous-mêmes une souffrance en accomplissant des
actes de pitié. — Hormis quelques philosophes, les
hommes ont toujours mis la pitié à un rang assez
bas dans la série des sentiments moraux : à bon
droit.
Légitime défense. — Si l’on admet d’une façon générale la légitime défense pour morale, il faut