traire, pour le tout. — Que le peintre et le sculpteur
expriment le moins du monde l’ « Idée » de l’homme, c’est là une vaine imagination et une illusion
des sens : on est tyrannisé par l’œil quand on parle
de pareille façon, parce que cet œil ne voit du
corps humain que la superficie, que la peau ; mais
l’intérieur du corps rentre tout autant dans l’Idée.
L’art plastique veut rendre les caractères visibles
sur la peau ; l’art du langage use de la parole pour
le même but, il rend le caractère par le son articulé.
L’art part de la naturelle ignorance de l’homme
sur son être intérieur (corps et caractère) : il n’existe
pas pour les physiciens et les philosophes.
Excès d’estime de soi dans la foi aux artistes et aux philosophes. — Nous pensons tous que l’excellence d’une œuvre d’art, d’un artiste, est prouvée, quand ils nous saisissent, nous ébranlent. Mais il faudrait d’abord que notre propre excellence de jugement et d’impression fût prouvée : ce qui n’est pas le cas. Qui a, dans le domaine de l’art plastique, plus saisi et ravi que le Bernin ? qui a plus puissamment agi que ce rhéteur postérieur à Démosthène, qui introduisit le style asiatique et le fit dominer deux siècles durant ? Cette domination sur des siècles entiers ne prouve rien pour l’excellence et la valeur durable d’un style ; c’est pour-