connaissance ultérieure, est après tout le plus haut ;
s’y tenir est viril et prouve de la vaillance, de
l’honnêteté, de la tempérance. Peu à peu, ce n’est
plus seulement l’individu, mais l’ensemble de l’humanité qui s’élève à cette virilité, lorsqu’elle s’est
accoutumée enfin à faire une estime plus haute des
connaissances assurées, durables et a perdu toute
croyance à l’inspiration et à la communication miraculeuse des vérités.
—
Les fervents des formes, il est vrai, avec leur échelle du beau et du sublime, auront d’abord de bonnes raisons de railler, dès que
l’estime des vérités sans apparence et de l’esprit
scientifique commence à prévaloir : mais c’est
seulement parce que leur œil ne s’est pas encore ouvert à l’attrait de la forme la plus simple
ou parce que les hommes élevés dans cet esprit
n’en sont pas longtemps encore pleinement et intimement pénétrés, si bien que sans y penser ils poursuivent encore de vieilles formes (et cela assez mal,
comme le fait quiconque ne met plus beaucoup
d’intérêt à une chose). Autrefois, l’esprit n’était pas
mis en réquisition par une stricte méthode de penser,
alors son activité consistait à bien filer des symboles
et des formes. Cela s’est modifié ; toute application
sérieuse au symbolisme est devenue le caractère de
la civilisation inférieure. De même que nos arts
mêmes deviennent toujours plus intellectuels, nos
sens plus spirituels, et de même que par exemple
on juge aujourd’hui tout autrement de ce qui ré-
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HUMAIN, TROP HUMAIN