grande, si bien qu’aux yeux des Américains les
habitants de l’Europe représentent un ensemble
d’êtres amis du repos et du plaisir, tandis qu’en
réalité ils vont croisant leur vol continuel comme
des abeilles et des guêpes. Cette agitation est si
grande que la culture supérieure n’a plus le temps
de mûrir ses fruits : c’est comme si les saisons se
succédaient trop rapidement. Par manque de repos
notre civilisation court à une nouvelle barbarie.
En aucun temps les gens actifs, c’est-à-dire les gens
sans repos, n’ont été plus estimés. Il y a donc lieu
de mettre au nombre des corrections nécessaires
que l’on doit apporter au caractère de l’humanité,
la tâche de fortifier dans une large mesure l’élément contemplatif. Mais dès à présent tout individu
calme et constant de cœur et de tête a le droit de
croire qu’il possède non seulement un bon tempérament, mais une vertu d’utilité générale et qu’en
conservant cette vertu il remplit même un devoir
fort élevé.
Dans quelle mesure un homme actif est paresseux. — Je crois que tout homme doit avoir, sur toute chose où il est possible de se faire des opinions, une opinion propre, parce que lui-même est une chose spéciale, n’existant qu’une fois, qui occupe par rapport à toutes les autres choses une situa-