Page:Nietzsche - Humain, trop humain (1ère partie).djvu/457

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
457
HUMAIN, TROP HUMAIN

gréable dérive des temps où les grossiers fondements de la société humaine étaient encore à jeter l’autre vit à des étages plus hauts, aussi éloigné que possible de l’animal sauvage, qui, enfermé dans les caves, sous les assises de la civilisation, fait rage et hurle.

615.

Consolation pour les hypocondres. — Si un grand penseur est momentanément sujet aux tortures de soi-même de l’hypocondrie, il peut se dire pour se consoler : « C’est ta propre grande force dont ee parasite se nourrit et s’accroît ; si elle était moindre, tu aurais moins à souffrir. » Ainsi peut aussi parler l’homme d’État, lorsque la jalousie et le sentiment de la vengeance, d’une façon générale la tendance au bellum omnium contra omnes, pour laquelle, étant le représentant d’une nation, il doit nécessairement avoir un grand don naturel, s’insinue à l’occasion même dans ses relations personnelles et lui rend la vie dure.

616.

Retiré du présent. — Il y a de grands avantages à se retirer un jour de son temps dans une forte mesure, et pour ainsi dire à se laisser entraîner de son rivage sur l’océan des conceptions passées du monde. De là, regardant vers le rivage, on en embrasse pour la première fois sans doute la configu-