à des contradictions logiques. Dans toutes les affirmations
scientifiques, nous comptons inévitablement
toujours avec quelques grandeurs fausses ; mais
comme ces grandeurs sont du moins constantes,
par exemple notre sensation de temps et d’espace,
les résultats de la science n’en acquièrent pas moins
une exactitude et une sûreté complètes dans leurs
relations mutuelles ; on peut continuer à tabler sur
eux — jusqu’à cette fin dernière, où les suppositions
fondamentales erronées, ces fautes constantes,
entrent en contradiction avec les résultats, par
exemple dans la théorie atomique. Alors nous nous
trouvons toujours contraints à admettre une « chose »
ou un « substrat » matériel, qui est mis en
mouvement, tandis que toute la procédure scientifique
a justement poursuivi la tâche de résoudre
tout ce qui a l’aspect d’une chose (matière) en mouvements :
nous séparons, ici encore, avec notre
sensation le moteur et le mû et nous ne sortons
pas de ce cercle, parce que la croyance à des choses
est incorporée à notre être depuis l’antiquité. —
Lorsque Kant dit : « La raison ne puise pas ses
lois dans la nature, mais elle les lui prescrit », cela
est pleinement vrai à l’égard du concept de la
nature, lequel nous sommes forcés de lier à elle
(nature = monde en tant que représentation, c’est-à-dire
en tant qu’erreur), mais qui est la totalisation
d’une foule d’erreurs de l’intelligence. — À un
monde qui n’est pas notre représentation, les lois
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HUMAIN, TROP HUMAIN