chie des biens admise une fois pour toutes, selon
qu’un égoïsme, bas, supérieur, très élevé, désire l’un
ou l’autre, décide maintenant du caractère de moralité ou d’immoralité. Préférer un bien bas (par
exemple la jouissance des sens) à un bien plus haut
prisé (par exemple la santé) passe pour immoral,
tout comme préférer le bien-être à la liberté. Mais
la hiérarchie des biens n’est pas en tout temps
stable et identique ; quand un homme préfère la
vengeance à la justice, il est moral suivant l’échelle
d’appréciation d’une civilisation antérieure, immoral d’après celle du temps présent. « Immoral »
signifie donc qu’un individu ne sent pas ou pas
encore assez les motifs intellectuels supérieurs et
délicats que la civilisation nouvelle du moment a
introduits : il désigne un individu arriéré, mais
toujours seulement d’après une différence relative. — La hiérarchie des biens elle-même n’est pas
édifiée et modifiée selon des points de vue moraux ;
c’est, au contraire, d’après sa fixation du moment
qu’on décide si une action est morale ou immorale.
Hommes cruels, hommes arriérés. — Les hommes qui sont cruels aujourd’hui doivent nous faire l’effet de gradins de civilisations antérieures qui auraient survécu : la montagne de l’humanité y montre à découvert les formations inférieures qui