des bons, le bien est héréditaire ; il est impossible
qu’un mauvais sorte d’un si bon terrain. Si, malgré tout, un des bons fait quelque chose d’indigne
des bons, on a recours à des expédients ; on reporte
par exemple la faute à un dieu, en disant qu’il a
frappé le bon d’aveuglement et d’erreur.
— C’est ensuite dans l’âme des opprimés, des impuissants.
Là tout autre homme passe pour hostile, sans
scrupules, exploiteur, cruel, perfide, qu’il soit noble
ou vilain ; mauvais est l’épithète caractéristique
d’homme, même de tout être vivant dont on suppose
l’existence, d’un dieu ; humain, divin, sont équivalents à diabolique, mauvais. Les marques de bonté,
la charité, la pitié sont reçues avec angoisse comme
des malices, prélude d’un dénouement effrayant,
moyens d’étourdir et de tromper, bref comme des
raffinements de méchanceté. Étant donné une telle
disposition d’esprit de l’individu, une communauté
peut à peine naître ; tout au plus sous sa forme la
plus grossière ; si bien que partout où règne cette
conception du bien et du mal, la ruine des individus, de leurs familles et de leurs races est proche. — Notre moralité actuelle a grandi sur le terrain des
races et des castes dirigeantes.
Compassion, plus forte que passion. — Il y a des cas où la compassion est plus forte que la passion