nous considérions jadis, lorsque nous étions des
jeunes gens, comme de l’art. Mais il va de soi que,
pour certaines époques de la vie, un art de l’exaltation
et de l’émotion répond à un besoin naturel,
de même que la répugnançe contre tout ce qui fest
réglé, monotone, simple et logique, que cet art doit
nécessairement correspondre à l’artiste, pour que
l’âme de pareilles époques de vie n’aille pas faire
explosion sur une autre voie, par toutes sortes
d’excès et de désordres. C’est ainsi que les jeunes
gens, tels qu’ils sont généralement, pleins d’exubérances
et tourmentés par l’ennui plus que par toute
autre chose, — c’est ainsi que les femmes, à qui
manqueun bontravailqui remplit l’âme, ont besoin
de cet art du désordre ravissant : mais avec d’autant
plus de violence, s’enflamme leur désir d’une
satisfaction sans changement, d’un bonheur sans
léthargie et sans ivresse.
Contre l’art des œuvres d’art. — L’art doit avant tout embellir la vie, donc nous rendre nous-mêmes tolérables aux autres et agréables si possible : ayant cette lâche en vue, il modère et nous tient en brides, crée des formes dans les rapports, lie ceux dont l’éducation n’est pas faite à des lois de convenance, de propriété, de politesse, leur apprend à parler et à se taire au bon moment. De plus, l’art doit cacher et transformer tout ce qui est laid, ces choses pénibles, épouvantables et dégoûtantes qui, malgré tous les efforts, à cause des origines de la nature humaine, viendront toujours