créateurs d’hommes et, en général, des formateurs,
des continuateurs de la vie : tandis que la gloire
de ceux d’aujourd’hui consiste peut-être à dépouiller,
à briser les chaînes, à détruire. — Les Grecs
anciens exigeaient du poète qu’il fût l’éducateur des
adultes : mais combien aujourd’hui un poète aurait
honte si l’on demandait cela de lui — de lui, qui
ne fut pas même un bon élève et qui, par conséquent,
ne devint pas quelque chose comme un bon
poème, belle formation lui-même, mais, au meilleur
cas, en quelque sorte le farouche et attirant
amas de décombres d’un temple, et, en même temps,
une caverne de concupiscence, couverte, telle une
ruine, de fleurs, de plantes piquantes et vénéneuses,
habitée et visitée par les serpents, les vers,
les araignées et les oiseaux, — et c’est un objet de
triste réflexion que de se demander pourquoi les
choses les plus nobles et les plus exquises se présentent
maintenant telles des ruines, sans le passé et
l’avenir de la perfection.
Regards en avant et en arrière. — Un art tel qu’il rayonne d’Homère, de Sophocle, de Théocrite, de Caldéron, de Racine, de Gœthe, comme l’excédent d’une direction de vie sage et harmonieuse — c’est là la vraie conception, à quoi nous finirons par recourir, lorsque nous serons devenus nous-mêmes plus sages et plus harmonieux : et non point ce jaillissement barbare, quoique si charmant, de choses ardentes et bariolées, ce jaillissement hors d’une âme chaotique et non domptée que