esprit s’est émoussé et ils se contentent de tout
laisser passer sur leur tête, tout comme ils laissent
tout passer sur la tête de leurs élèves. Ils ne sont
pas éduqués eux-mêmes, comment devraient-ils
enseigner ? Ils ne représentent pas un tronc puissant,
rempli de sève qui pousse droit : celui qui
voudra s’appuyer sur eux devra se contourner et
se tordre et finir par paraître contrefait et tordu.
Philosophes et artistes de l’époque. — La brutalité
et la froideur, l’ardeur du désir et le cœur
froid, — ce voisinage répugnant se retrouve dans le
caractère de la haute société européenne d’aujourd’hui.
C’est pourquoi l’artiste croit déjà atteindre
un but très élevé, si, par son art, il fait une fois
jaillir, à côté de l’ardeur du désir, la chaleur du
cœur et, de même, le philosophe, si avec la tiédeur
du cœur qu’il a en commun avec son époque, il
arrive à faire refroidir aussi, par ses jugements
ascétiques, la chaleur du désir qui l’anime, lui et
cette société.
Ce n’est pas sans peine que l’on est soldat de la culture. — Enfin, enfin l’on apprend ce dont l’ignorance vous causait un si grand tort au temps où l’on était jeune : qu’il faut d’abord faire ce qui est parfait et ensuite rechercher ce qui est parfait, quels que soient l’endroit où cette perfection se trouve et le nom sous lequel elle se cache ; que, par contre, il faut éviter tout ce qui est mauvais et médiocre