y mettaient toute la richesse de leur sagacité et de
leur réflexion : tandis que nous employons notre
esprit à la solution de problèmes qui ont plutôt en
vue de réaliser l’absence de douleur et la suppression
des sources du déplaisir. Pour ce qui en est de
l’humanité souffrante, les anciens s’essayaient à
s’oublier ou à faire virer leur sentiment, d’une
façon ou d’une autre, vers le côté agréable. Ainsi
ils s’aidaient de palliatifs, tandis que nous nous
attaquons aux causes du mal et préférons en
somme agir d’une façon prophylactique. Peut-être
construisons-nous seulement les bases sur lesquelles
les hommes édifieront de nouveau plus
tard le temple de la joie.
Les muses mensongères. — « Nous nous entendons
à dire beaucoup de mensonges »[1]. — Ainsi chantèrent jadis les muses lorsqu’elles se révélèrent
devant Hésiode. — On fait des découvertes
importantes lorsque l’on se met à considérer l’artiste
comme menteur.
Homère sait être paradoxal. — Y a-t-il quelque chose de plus audacieux, de plus épouvantable et de plus incroyable, quelque chose qui éclaire les destinées humaines, tel un soleil d’hiver, autant que cette pensée qui se trouve dans Homère :
- ↑ Hésiode, la Théogonie, v. 29. — N. d. T.