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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE



352.

Bonheur d’escalier. — De même que, chez certains hommes, le mot d’esprit ne marche pas d’un pas égal avec l’occasion de le placer, en sorte que l’occasion a déjà passé la porte quand le mot d’esprit est encore sur l’escalier, chez, d’autres hommes, il y a une espèce de bonheur d’escalier qui court trop lentement pour être toujours aux côtés du temps aux pieds légers. La meilleure jouissance que procure à ces hommes un événement ou toute une période de la vie ne leur parvient que longtemps après, parfois seulement comme un faible parfum aromatisé, qui évoque de la langueur et de la tristesse, — comme si — à un moment ou à un autre — il avait été possible d’étancher sa soif dans cet élément, tandis que maintenant il est trop tard.

353.

Vers. — Ce n’est pas un argument contre la maturité d’un esprit que d’y trouver quelques vers.

354.

La position victorieuse. — Une bonne attitude à cheval enlève le courage à l’adversaire, le cœur au spectateur, — à quoi bon alors attaquer encore ? Tiens-toi comme quelqu’un qui a vaincu.

355.

Danger dans l’admiration. — À trop admirer les vertus étrangères on peut perdre le sens des siennes propres, et, ne les exerçant plus, les oublier