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Page:Nietzsche - Humain, trop humain (2ème partie).djvu/193

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OPINIONS ET SENTENCES MÊLÉES

complètement, sans pouvoir les remplacer par les étrangères.

356.

Utilité de la maladie. — Celui qui est souvent malade, parce qu’il guérit souvent, prend non seulement un plus grand plaisir à la santé, mais possède encore un sens très aigu pour ce qui est sain ou morbide dans les œuvres et les actes, les siens et ceux des autres, Les écrivains maladifs par exemple — et presque tous les grands écrivains sont malheureusement dans ce cas — possèdent généralement dans leurs œuvres un ton de santé beaucoup plus sûr et plus égal, parce qu’ils s’entendent, bien mieux que ceux qui sont robustes de corps, à la philosophie de la santé et de la guérison de l’âme. Ils connaissent les maîtres qui enseignent la santé : le matin, le soleil, la forêt et les sources d’eau claire.

357.

Infidélité, condition de la maîtrise. — Cela ne sert de rien : chaque maître n’a qu’un seul élève, — et cet élève lui devient infidèle — car il est prédestiné à la maîtrise.

358.

Jamais en vain. — Tu ne grimperas jamais en vain dans les montagnes de la vérité : soit qu’aujourd’hui déjà tu parviennes à monter plus haut, soit que tu exerces tes forces pour pouvoir monter plus haut demain.