Page:Nietzsche - Humain, trop humain (2ème partie).djvu/209

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L’ombre : Il y a si longtemps que je ne t’ai pas entendu parler, je voudrais donc t’en donner l’occasion.

Le voyageur : On parle : où cela ? et qui ? Il me semble presque que je m’entends parler moi-même, seulement avec une voix plus faible encore que n’est la mienne.

L’ombre (après une pause) : Ne te réjouis-tu pas d’avoir une occasion de parler ?

Le voyageur : Par Dieu et toutes les choses auxquelles je ne crois pas, mon ombre parle : je l’entends, mais je n’y crois pas.

L’ombre : Mettons que cela soit et n’y réfléchissons pas davantage ! en une heure tout sera fini.

Le voyageur : C’est justement ce que je pensais, lorsque dans une forêt, aux environs de Pise, je vis d’abord deux, puis cinq chameaux.

L’ombre : Tant mieux, si nous sommes patients