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LE VOYAGEUR ET SON OMBRE

en effet, comme on le dit, quelque plaisir, à cet état, c’est qu’elles donnent à entendre par là qu’elles sont encore désirées des hommes. Qu’à leur aspect le voisin et la voisine ou un étranger qui passe dise ou pense : « est-il bien possible ? ». — Cette aumône est toujours acceptée volontiers par la vanité féminine dans sa bassesse intellectuelle. Au contraire, ce seraient, à conclure des propositions de Schopenhauer, les plus fines et les plus intelligentes des femmes qui se réjouissent le plus publiquement de leur état : c’est qu’elles ont la pleine perspective de mettre au monde un enfant miraculeux par l’intelligence, dans lequel « la volonté » se « nie » une fois de plus pour le bien général ; sottes femmes ! elles auraient au contraire toute raison de cacher leur grossesse avec plus de honte encore que tout ce qu’elles cachent. — On ne peut pas dire que ces choses soient tirées de la réalité. Mais en supposant que Schopenhauer ait eu, d’une façon générale, parfaitement raison de dire que les femmes dans l’état de grossesse montrent plus de contentement d’elles-mêmes qu’elles n’en montrent d’ordinaire : il y aurait à portée de la main une explication plus proche que la sienne. On pourrait se représenter un gloussement de poule même avant la ponte de l’œuf, et ce gloussement voudrait dire : voyez ! voyez ! je vais pondre un œuf ! je vais pondre un œuf !

18.

Le Diogène moderne. — Avant de chercher