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LE VOYAGEUR ET SON OMBRE

découvrira pourtant les pierres d’attente qui forment le passage de l’ancien édifice au nouveau. Ceci est la tâche du biographe : il doit raisonner sur la vie conformément au principe qu’aucune nature ne fait de bonds.

199.

Proprement, il est vrai… — Celui qui s’habille de guenilles proprement lavées s’habille proprement, il est vrai, mais il n’en est pas moins en guenilles.

200.

Le solitaire parle. — On recueille en guise de récompense pour beaucoup de dégoût, de découragement, d’ennui — tel que les apporte nécessairement une solitude sans amis, sans livres, sans obligations et sans passions — un quart d’heure du plus profond recueillement que procure un retour sur soi-même et la nature. Celui qui se gare complètement contre la nature se gare aussi contre lui-même : il ne lui sera jamais donné de boire à la coupe la plus délicieuse que l’on puisse emplir à sa source intérieure.

201.

Fausse célébrité. — Je déteste ces prétendues beautés de la nature qui n’ont en somme une signification qu’au point de vue de nos connaissances, surtout de nos connaissances géographiques et qui demeurent imparfaites, lorsque nous les apprécions au point de vue de notre sens du beau : voici, par