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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

féconds, mais les résultats sont nuls. Dans la nature, de pareilles tentatives se paieraient chèrement, car elles feraient mourir de faim les défricheurs.

196.

Vivre simplement. — Un genre de vie simple est difficile aujourd’hui : il y faut beaucoup plus de réflexion et d’esprit inventif que n’en ont des hommes même très intelligents. Le plus honnête parmi eux dira peut-être encore : « Je n’ai pas le temps de réfléchir si longtemps à cela. Le genre de vie simple est pour moi un but trop noble, je veux attendre jusqu’à ce que de plus sages que moi l’aient trouvé. »

197.

Sommets et monticules. — La fécondité médiocre, le fréquent célibat et, en général, la froideur sexuelle chez les esprits supérieurs et les plus cultivés, ainsi que dans les classes auxquelles ils appartiennent, sont essentiels pour l’économie de l’humanité : la raison reconnaît et utilise ce fait qu’à un point extrême de développement cérébral le danger d’une progéniture nerveuse est très grand : de tels hommes sont les sommets de l’humanité, — ils ne doivent pas se prolonger en monticules.

198.

La nature ne fait pas de bonds. — Quelle que soit la rapidité que puisse prendre l’homme et bien qu’il y ait apparence du passage d’une contradiction dans une autre : en y regardant de plus près on