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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

sédait les grandes œuvres, mais son compagnon possédait la grande foi en ces mêmes œuvres. Ils étaient inséparables, mais il était visible que le premier dépendait complètement du second.

235.

L’homme sociable. — « Je me trouve mal de moi-même », disait quelqu’un pour expliquer son penchant pour la société. « L’estomac de la société est meilleur que le mien, il me supporte. »

236.

Fermer les yeux de l’esprit. — Si l’on est exercé et habitué à réfléchir à ses actions, on sera cependant forcé de fermer l’œil intérieur pendant l’action (ne fût-ce qu’en écrivant une lettre, en mangeant ou en buvant). Même dans la conversation avec des hommes de la moyenne, il faut s’entendre à penser en fermant les yeux de l’esprit, — car c’est la seule façon d’atteindre et de comprendre la pensée moyenne. Cette action de clore les yeux peut s’accomplir d’une façon sensible et volontaire.

237.

La vengeance la plus terrible. — Lorsque l’on veut à tout prix se venger d’un adversaire, il faut attendre jusqu’à ce que l’on ait entre les mains beaucoup de vérités et de jugements dont on pourra froidement se servir contre lui, de sorte que : exercer la vengeance équivaut à exercer la justice. C’est là la façon la plus épouvantable de vengeance : elle