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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

et de passion que font d’autres gens de leurs rares loisirs et de leurs occupations d’amateur.

248.

Le renard des renards. —Ambiguité. — De même qu’il passe parfois sur l’eau qui s’étend à tes pieds un petit tremblement brusque qui la fait miroiter, comme si elle était couverte d’écailles, de même on trouve parfois dans l’œil humain de ces incertitudes soudaines et de ces ambiguïtés, où l’on se demande : est-ce un frémissement ? est-ce un sourire ? est-ce l’un et l’autre ?

249.

Le renard des renards. —Positif et négatif. — Ce penseur n’a besoin de personne pour le réfuter : il s’en charge lui-même.

250.

Le renard des renards. —La vengeance des filets vides. — Méfiez-vous de toutes les personnes affligées d’un sentiment amer pareil à celui du pêcheur qui, après une journée de labeur pénible, revient le soir avec les filets vides.

251.

Ne pas faire valoir son droit. — Il faut user bien des peines à exercer la puissance et beaucoup de courage y est nécessaire. C’est pourquoi il y a tant de gens qui ne font pas valoir leur bon droit, puisque ce droit est une sorte de puissance et qu’ils sont trop paresseux ou trop lâches pour l’exercer. Mansuétude et patience, ainsi nomme-t-on les vertus qui couvrent ce défaut.