Page:Nietzsche - Humain, trop humain (2ème partie).djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
40
HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

culpabilité, condamnation et suicide ; que le malfaiteur devienne son propre bourreau ! » — Ce christianisme placé la tête à l’envers — que serait-ce, si ce n’était cela ? — est la dernière reprise dans la lutte de la doctrine de la moralité absolue avec celle de la contrainte absolue, — et ce serait là une chose épouvantable si c’était autre chose qu’une grimace logique, le geste horrible d’une idée qui. succombe, — peut-être le spasme d’agonie du cœur désespéré, avide de salut, à qui la folie murmure : « Voici, tu es l’agneau qui porte les péchés de Dieu. » — Il y a une erreur, non seulement dans le sentiment : « je suis responsable », mais encore dans cette opposition : « je ne le suis pas, mais il faut pourtant que ce soit quelqu’un ». — Mais c’est cela qui n’est pas vrai ! Il faut donc que le philosophe dise comme le Christ : « Ne jugez point ! » Et la dernière distinction entre les cerveaux philosophiques et les autres, ce serait que les premiers veulent être justes tandis que les seconds veulent être juges.

34.

Sacrifice. — Vous considérez le sacrifice comme le signe distinctif de l’action morale ? — Réfléchissez donc s’il n’y a pas un côté de sacrifice dans chaque acte effectué d’une façon réfléchie, qu’il soit bon ou mauvais.

35.

Contre les inquisiteurs de la morale. — Il faut savoir tout ce dont un homme est capable, en bien