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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

blement offensé lorsque l’on découvre que, là où l’on était convaincu d’être aimé, on n’était considéré que comme ustensile d’appartement et comme pièce de décoration, sur quoi le maître de maison exerce sa vanité devant ses hôtes.

75.

Amour et dualisme. — Qu’est donc l’amour si ce n’est de se comprendre et de se réjouir en voyant quelqu’un d’autre vivre, agir et sentir d’une façon différente de la nôtre et opposée à celle-ci ? Pour que l’amour aplanisse les contrastes par la joie, il ne faut pas qu’il supprime et qu’il nie les contrastes. L’amour de soi contient, comme condition, un dualisme absolu (ou une multiplicité) en une seule personne.

76.

Interpréter selon le rêve. — Ce que l’on ignore parfois à l’état de veille, ce que l’on est incapable de sentir — à savoir, si l’on a une bonne ou une mauvaise conscience à l’égard de quelqu’un — le rêve nous le fait savoir sans aucune équivoque.

77.

Débauche. — La mère de la débauche n’est pas la joie, mais l’absence de joie.

78.

Punir et récompenser. — Personne n’accuse sans avoir l’arrière-pensée de la punition et de la vengeance, — il en est même ainsi lorsque l’on