son art sera de nouveau proche. Mais cela peut finir
en tragédie ou en comédie.
Ce qui est le détour vers le beau. — Si le
beau est identique à ce qui réjouit — et c’est ce que
chantaient jadis les muses —, l’utile est le détour
souvent nécessaire, vers le beau, et il peut repousser
le blâme à vue courte des hommes du moment
qui ne veulent pas attendre et qui croient parvenir
à tout ce qui est bien, sans détour.
Pour excuser mainte faute. — Le désir incessant
de créer, propre à l’artiste, et son besoin de quêter
l’extérieur, l’empêchent de devenir plus beau et
meilleur dans sa personne, c’est-à-dire de se créer
lui-même — à moins que son ambition ne soit
assez grande pour le forcer à se montrer toujours,
dans ses rapports avec les autres, l’égal de la beauté
grandissante et de la sublimité de son œuvre. Dans
tous les cas il ne possède qu’une mesure déterminée
de forces : ce qu’il en emploie pour sa propre personne,
— comment pourrait-il en faire bénéficier
son œuvre ? — Et vice versa.
Satisfaire les meilleurs. — Si, au moyen de son art, on a « satisfait les meilleurs de son époque », on peut prévoir que, par le même art, on ne satisfera pas les meilleurs des époques suivantes : il est vrai que l’on aura « vécu pour tous les