de tout cela pour déduire des équivalents à des
procédés d’art et il est difficile, même aux artistes
les plus grands et les plus consciencieux, de s’en
abstenir complètement.
La bonne mémoire. — Certains ne parviennent
pas à devenir des penseurs parce que leur mémoire
est trop bonne.
Affamer au lieu de rassasier. — De grands
artistes s’imaginent qu’au moyen de leur art ils ont
totalement pris possession d’une âme et que dès lors
ils l’occupent entièrement : en réalité — et souvent
à leur grande déception — cette âme n’en est devenue
que plus vaste et plus vide, en sorte que dix
grands artistes pourraient se jeter au fond sans la
rassassier.
Crainte de l’artiste. — De crainte de se voir objecter que leurs figures ne sorit pas vivantes, certains artistes, pourvus d’un goût qui va en s’affaiblissant, peuvent être induits à former celles-ci de façon à leur donner des apparences de folies : de même que, d’autre part, par une crainte semblable, les artistes grecs des origines, prêtèrent même à des mourants et à des hommes dangereusement blessés ce sourire qu’ils savaient être le signe le plus certain de la vie, — sans se préoccuper