Tout commencement est danger. — Le poète a
le choix, ou d’élever le sentiment d’un degré à
l’autre et de le hausser ainsi très considérablement
— ou d’essayer d’agir par surprise et de tirer, dès
le début, très fortement à la cloche. Les deux choses
sont dangereuses : dans le premier cas l’ennui
fera peut-être prendre la fuite à l’auditeur, dans le
second cas la peur.
En faveur des critiques. — Les insectes piquent,
non par méchanceté, mais parce que, eux
aussi, veulent vivre : il en est de même des critiques ;
ils veulent notre sang et non pas notre douleur.
Succès des sentences. — Les gens inexpérimentés croient toujours que du moment qu’une sentence leur paraît évidente à première vue, par sa vérité simple, cette sentence est vieille et connue, et ils se prennent à en regarder l’auteur de travers, comme s’il avait voulu voler le bien commun de tous : tandis que, lorsqu’ils entendent des demi-vérités bien épicées, ils s’en réjouissent et font connaître leur joie à l’auteur. Celui-ci sait apprécier une pareille indication et devine facilement ce qui lui a réussi et ce qu’il a mal fait.